Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/89

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bérément au beau milieu de la route, dans le dessein de me jeter à la tête du cheval emporté. Aussi, dès qu’il fut assez proche, me précipitai-je à ses naseaux et avec tant de bonheur que je parvins à le saisir par la bride. Après m’avoir quelque peu traîné dans la poussière, l’animal s’arrêta, ce qui, tout contusionné que je fusse, m’emplit le cœur de fierté. Mais, comme je ramassais mon chapeau, en m’attendant au compliment d’usage en pareil cas, ce furent de formidables jurements et de grossières injures qui m’accablèrent. De quoi me mêlais-je d’arrêter les chevaux des cavaliers qui s’exerçaient à la course, en manquant de les désarçonner et de me faire rompre les membres ? Avait-on jamais vu un pareil bélître avec sa mine de niais et son air de sot ? On se plaindrait au Podestat… Et le milord anglais dont j’avais si malencontreusement entravé le galop continua son chemin vers Vicence, rouge de co-