Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/90

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lère, après m’avoir encore traité d’imbécile et en regrettant de ne pas m’avoir marqué la figure de quelque bonne taloche.

Ce fâcheux exploit m’eût dû servir de leçon, mais j’avais un si grand désir d’être à tout prix un héros qu’elle ne contribua qu’à me donner l’espoir de quelque occasion meilleure. Il me parut bien l’avoir trouvée, un jour que, passant devant une ferme, j’entendis de grands cris qui me firent accourir vers le lieu d’où ils partaient. Ils étaient poussés par un de ces moines mendiants qui vont de porte en porte emplir leur besace. Celui-ci était aux prises avec un redoutable et énorme chien qui l’avait saisi par le pan de son froc. La bête furieuse menaçait de faire un mauvais parti au pauvre diable, d’autant plus que je me persuadai sur-le-champ qu’elle était enragée. À cette pensée, je m’armai d’un gros bâton qui me tomba sous la main et j’en frappai si rudement l’animal que, du coup, je