Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/29

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une figure marine, ailée et écailleuse, peinte en or, et, à la poupe, soutenant chacun d’une main une lanterne à feux tournants, quatre génies qui soufflaient en des conques torses l’enflure de leurs bouches dorées.

Les oiseaux de couleur des eaux orientales et les grèbes blancs des mers glacées tournèrent autour de nos fanaux errants. La tête marine se mira en des ondes unies ou s’éclaboussa aux flots tumultueux. Le soleil tropical craquela sa dorure racornie et les lunes des nuits polaires argentèrent son sourire gelé. Elle vit de ses yeux fixes la courbe des golfes et l’angle des caps ; ses oreilles entendirent l’harmonie nonchalante des vagues aux plages de sable et le déferlement des lames aux promontoires de rocs.

Maints peuples étrangers montèrent à bord. Nous reçûmes, avec leurs vêtements de cuirs huileux, des hommes barbus. Ils nous apportaient sans rien dire des cornes de rennes, des dents de phoques et des peaux d’ours ; des nains jaunes et cérémonieux nous présentèrent des cocons de soie, des ivoires à jour, des laques et, taillés dans un jade, pareil à du frai de