Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/44

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les cordages du mât et se tint au sommet, assis sur son derrière et clignant ses yeux en sa face glabre.

Polydore feignit de ne s’apercevoir de rien, me fit asseoir ; il se montra plus cérémonieux qu’expansif mais d’une minutieuse politesse. Il m’invita à dîner.

Les barques étaient amarrées à la file et on passait aisément de l’une à l’autre. Une table servie nous attendait dans la seconde. Le soir fut doux et beau, la chère excellente. Le petit singe descendu de son mât gambadait autour de nous en jonglant avec des boules de verre qui se brisaient en répandant des senteurs odorantes.

A la fin du repas, mis en belle humeur, j’insinuai à Polydore que je ne doutais pas que la troisième barque ne contînt jalousement quelque belle dame dont il fût amoureux. Il sourit et, me prenant par la main, me pria de le suivre. Cette barque était aménagée en boudoirs et en salons de repos. De précieuses soies les tendaient ; des lustres de cristal ou de cuivre se balançaient imperceptiblement à la douce inflexion de la rivière ; au milieu se trouvait une rotonde de miroirs.