convives du dimanche ne manquait pas à venir, seul, la visiter un des soirs de la semaine. Comme je me trouvais le dernier venu mon tour fut porté au samedi. D’Orscamps, dans nos causeries sur la singulière femme, m’avait averti de cette singularité de son caprice et de la façon dont se passaient ces entrevues.
Madame de Termiane recevait à la tombée du jour, plus ou moins tard selon la saison. Elle se tenait dans une pièce en rotonde éclairée, à travers les parois vitreuses, d’une lumière diffuse. C’étaient de longues heures d’entretien comme avec une ombre vivante. Mon ami m’avait fait des récits passionnés de ces aventures intellectuelles qui se prolongeaient souvent jusqu’à l’aube. On se sentait en présence d’un être mystérieux en qui parlait une voix inconnue dont on restait à jamais anxieux. Sans s’expliquer sur la nature de ces oracles il me laissait entendre que leur beauté dépassait l’humain et liait à jamais au désir de les réentendre de nouveau et toujours ; et l’approche et la promesse de cette divinité secrète me faisaient attendre impatiemment l’heure de mon accès à cette Eleusis révélatrice.