Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/61

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dressait sa masse grisâtre. Je m’entendis sonner à la grille : le sable de la grande cour criait sous mes pas. Je me voyais et je m’écoutais. Personne au vestibule. J’allumais la petite lampe qui m’était réservée. J’examinais les tailles de son cristal noir à veines roses. Toutes les portes s’ouvraient d’elles-mêmes devant moi : les galeries retentissaient d’échos lointains. J’arrivais aux appartements de la Princesse. J’appelais. Le salon vide menait à la rotonde sibylline dont m’avait parlé d’Orscamps. Je fouillais jusqu’au moindre recoin. Mon soin fut inutile. La nuit vint. Je me vis, la lampe à la main, dans un miroir : il me semblait reconnaître dans cette image de moi-même quelqu’un que je devais suivre, le guide fraternel de mon rêve. Nous visitions, pièce par pièce, l’immense palais. Je m’y perdis, je m’y retrouvai. La poussière des combles succéda au salpêtre des caves. Ma lampe s’éteignit. J’errai à tâtons pendant des heures interminables. Enfin la ténèbre grisonna ; une ligne blanche filtra sous une porte. En me dirigeant vers ce côté mon pied heurta un objet. Je le ramassai. C’était une masse lourde et froide. Du genou je poussai le battant de la