Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/64

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crépuscule n’apaisait pas la bourrasque. La grande rose remuait, crispant la colère de ses épines. Devant les fenêtres une petite chauve-souris passait et repassait errante et ahurie.


*


« Pour se rendre à Ochria, continua M. d’Amercœur, il fallait prendre l’une des deux routes. Celle de mer, la plus courte, m’agréait peu. Par l’autre c’était six jours de cheval. Je m’y décidai. On m’assura de la bonté des auberges, et le lendemain, à l’aube, je cheminais à travers la plaine. De hautes montagnes ocreuses s’élevaient à l’horizon ; je les atteignis rapidement. Mon cheval allait d’un bon pas et je le laissais aller. La plus grande partie du voyage se passa sans incident. Aucune rencontre, ni dans les hôtelleries vides ni sur les chemins déserts. J’approchais et au matin du sixième jour il ne me restait plus à traverser qu’un restant de forêt. Le lieu m’apparut singulièrement sauvage. Un éboulement de roches monstrueuses entassait là des croupes ébréchées, cabrait des poitrails velus et allongeait des pattes difformes. Les taches de la pierre imitaient la mar-