Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/65

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brure des chairs, des flaques d’eau luisaient comme des yeux et le velours des mousses ressemblait au poil des pelages. Le sol jaune se creusait d’ornières et se bossuait par endroits d’échines pierreuses. Parfois une source rauque et douce. Les aiguilles de pins rougeâtres feutraient la terre d’une rousseur de toisons.

Au sortir de la forêt on dominait une plaine saure, un paysage de broussailles et de monticules. Je m’arrêtai un instant pour contempler son étendue monotone que bornait une crête rocheuse derrière laquelle se trouvait Ochria. J’allais me remettre en marche quand j’entendis un galop derrière moi, et un cavalier monté sur un cheval alezan m’accosta en me saluant. Un costume de chasse en cuir roux le vêtait et amplifiait sa corpulence moyenne comme sa stature. Sa chevelure brune s’éclaircissait par places d’un reflet fauve et sa barbe en pointe roussoyait un peu. Le soleil, déjà sur son déclin, le mordorait tout entier et la couleur de sa personne s’accordait avec l’ocre de l’horizon et l’or des feuillages d’alentour : il paraissait harassé d’une longue course. Nous descendîmes côte à côte le chemin, assez abrupt.