Page:Régnier - La Cité des eaux, 15e éd.djvu/143

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Me chercher sous le toit de ma maison de marbre
Pour me prendre la main et courir à l’aurore ?

Ce sera toi. Salut, Maître ! Salut, Centaure !
Salut, de qui le pas foule l’herbe et le sable,
Libérateur, ô Bienvenu, ô Vénérable,
Dont la barbe est d’argent et le sabot d’airain !
La croupe de cheval qui prolonge tes reins
Te fait homme à la fois et bête, ô Dieu. Ton torse
Ajoute à ton poitrail le surcroît de sa force.
Te voilà donc. Je t’attendais. Oh viens plus près !
Et maintenant prends-moi, Centaure, je suis prêt.
Je vais sentir ton poing me saisir à plein corps
Et, d’un geste puissant et d’un facile effort,
Me soulever de terre et m’asseoir sur ton dos !

Il m’a pris. J’ai senti son souffle sur ma peau.
Je serre son flanc rude et je m’accroche à lui ;
Ma tête lourde a son épaule pour appui ;
De mes deux bras j’étreins sa poitrine. La Ville
Qu’il traverse est silencieuse et dort tranquille.
Son pas égal résonne aux dalles de la rue.
Voici le mur, la porte et la campagne nue.
Il part ; son ongle dur maintenant bat la terre,