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Page:Régnier - La Cité des eaux, 15e éd.djvu/71

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Il était beau à voir debout dans le soleil,
Touchant sa lyre d’or d’un grand geste vermeil,
Magnifique, hautain, solennel et content,
Auguste ; il s’essuyait le front de temps en temps.
Les cordes de métal vibraient, fortes et douces,
Et l’écaille ronflait et sonnait sous son pouce,
Et l’hymne s’élevait sur un mode sacré,
En cadence, dans l’air pacifique et pourpré,
Égale, harmonieuse et large ; et, comme en feu,
La lyre d’or chantait sous le geste du Dieu.

Nous étions tous autour de lui,
Pasteurs, pâtres, bergers, pêcheurs et bûcherons,
Assis en rond
Autour de lui ;
Et moi seul, qui suis vieux, vis encore aujourd’hui
De ceux qui, jadis, entendirent
La grande Lyre.
Et les faunes, et les sylvains, et les satyres
Des bois, de la plaine et du mont
Étaient venus au-devant d’Apollon.
Marsyas seul était resté
Là-haut,
Dans sa grotte,