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Page:Régnier - La Cité des eaux, 15e éd.djvu/72

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Couché,
À écouter les pins, les abeilles, le vent…

Ô Marsyas ! c’est là qu’ils te vinrent chercher.
La lyre s’étant tue, ils voulurent aussi
Faire entendre au Chanteur notre chanson d’ici.
Chacun sur sa syrinx, sa flûte ou son pipeau
À leurs diverses voix fit retentir l’écho.
Chacun avait son tour et faisait de son mieux,
Et ces airs arrivaient à l’oreille du Dieu,
Rauques, gauches, naïfs, maladroits ou rustiques.
Deux des joueurs parfois se donnaient la réplique,
Et leurs chants alternés, tour à tour, et rivaux
Se succédaient boiteux parfois et souvent faux.
Apollon écoutait ces gens avec bonté,
Silencieux, toujours debout dans la clarté,
Attentif aux bergers ainsi qu’aux ægypans,
Sans fatigue, impassible et toujours indulgent
Jusqu’à ce que parût enfin Agès, le faune.
Il était vieux, ridé, poussif et presque aphone.
Il avait bien été, dit-on, jadis adroit
À la flûte, mais l’âge avait lassé ses doigts,
Et, quand il y souffla d’une bouche édentée,
Un son rauque sortit de sa flûte vantée,