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LES JEUX RUSTIQUES ET DIVINS


ENSEMBLE


C’est nous qui vêtirons la femme mensongère.


LA PLUS VIEILLE QUI TOURNE UN FUSEAU


Vous qui tissez ainsi la Vie en œuvres lentes
Voyez, qui s’ensanglante autour de mon fuseau,
La pourpre, fil à fil, des laines violentes ;

Ce sera la tunique ardente ou le manteau,
Et la Mort à jamais en vêtira un soir
La trame furieuse ou l’atroce lambeau,

Et mon rouet d’ébène aide mon fuseau noir !


L’UNE


Les arbres ont laissé tomber sur lues mains lasses
Des feuilles, une à une, et des gouttes de pluie
Et les fils ont tramé le feston des rosaces.


L’AUTRE


Le vent embrouille et mêle en mes mains fatiguées
La soie où la nuance se teinte et varie
Selon qu’au ciel se fonce ou fuit une nuée !


ENSEMBLE


La face du vent pleure aux larmes de la pluie.