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ARÉTHUSE

Parmi les épines des branches,
Ô toi qui n’aimes pas la forêt odorante,
Toi que le jour joyeux rend plus sombre et pareil
Aux houx dont le feuillage est noir dans le soleil.

Tout rit et chante, les feuillées
S’égouttent sur les fleurs et les mousses,
Toute la forêt est mouillée,
Il pleut en diamants dans le miroir des sources ;
Goûte mes lèvres qui sont douces.

Tu me repousses.

Un nuage passe sur les arbres
Le ciel se marbre,
La forêt qui fut d’or s’éteint et stagne verte.
Voici l’averse…
Il va pleuvoir.

Le soleil reparaît.

Je savais bien que tu voudrais ma bouche ;
Pourquoi tes mains sont-elles froides que je touche
De mes lèvres sous ton manteau
Quand le sourire va monter à ta face
Et te faire joyeux et beau,
Quoi que tu fasses
Pour rester taciturne et sérieux
Malgré cette forêt qui chante et où tu passes ?