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hélène de sparte


Les oiseaux familiers, lorsque tu les appelles,
Accourent à ta voix et viennent jusqu’au bord
Enlacer de leurs cols et frôler de leurs ailes
La grâce de ton geste et l’attrait de ton corps.

Il semblent saluer en ta beauté divine
Le souvenir, déjà fabuleux et lointain,
De Celle qui pressa sur sa blanche poitrine
L’Un d’eux plus éclatant qui jadis fut divin.

C’est pourquoi, si tu viens vers la berge de l’anse,
Les blancs oiseaux sacrés s’empressent près de toi
Et la troupe orgueilleuse et flexible s’avance
En suivant le premier qui de son t’aperçoit.

Regarde-le, fendant de sa gorge renflée
L’eau qu’il coupe, divise, et pousse devant lui ;
Regarde. Il vient vers toi avec sa proue ailée
Le vaisseau de demain, cygne encore aujourd’hui.

Prends garde : la mer vaste au bout du fleuve calme
Étend sa verte houle à ses quatre horizons
Et la galère bat de son quadruple scalme
Le flot perfide et vert de l’antique Hellespont.