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LA MUSE


La Muse à qui mes mains ont tressé, l’autre année,
Pour sa tête divine à mon geste inclinée,
La couronne flexible et le souple bandeau
Où j’ai mêlé la rose ardente et l’iris d’eau
Avec l’algue marine et le lierre des bois,
La Muse au front orné par l’amour de mes doigts
Des fleurs du vert printemps et de l’automne rousse,
Elle que je connus hautaine m’a dit, douce,
Souriant à demi dans l’ombre, lentement,
Puis plus haut peu à peu et debout dans le vent :
« Certes il sied, ô toi qui m’es humble et fidèle,
D’aimer la pourpre chaste où tu me trouves belle
Et qui tombe à longs plis égaux et qui s’étale
Jusques à mon orteil que montre la sandale
Et d’où sort noblement d’un geste qui l’étire
Mon bras cerclé de bronze et qui porte une lyre ;
Mais ne va pas au moins oublier qu’en secret