LECTURES D’ÉTÉ 103
souvent pesant. On sait, en effet, que les éditeurs
n'accueillent pas très volontiers les ouvrages de
poésie et que les poètes, au moins à leurs débuts,
sont obligés de faire les frais de leurs premières
publications. Or, cela représente pour eux une dé-
pense quelquefois onéreuse, car tous les poètes ne
sont pas riches et le recueil qu’ils mettent au jour
est parfois le résultat de véritables privations.
C’est ce sentiment qui me fait toujours considérer avec une réelle sympathie et un certain respect,
les épais volumes ou les minces plaquettes qui re-
présentent, en même temps que tant d’espoirs, tant
de difficultés surmontées. Aussi, parmi la marée
de livres qui encombrent mon cabinet de travail, je
fais toujours aux livres de vers une place à part. Je
les dispose en bon ordre ; je les regarde avec amitié et non sans quelque émotion. Parmi ces pages
encore non coupées, quelles sont celles qui vont
peut-être révéler quelque talent naissant, quelque
génie inconnu ? Quel est le nom, parmi tous ces
noms, qui circulera un jour de bouche en bouche ?
On a hâte de connaître l'heureux survenant promis à la gloire et d’être le premier à le signaler.
Malheureusement, la bonne volonté ne suffit pas.
Il faut du temps pour lire les poètes, et le temps,
à Paris, est ce qui manque le plus. Aussi les mois
passent et les volumes réservés restent toujours là.
On attend le moment favorable pour faire connais-