l66 PORTRAITS ET SOUVENIRS
éclatantes et les plus nuancées, en ses couleurs les plus vives et les plus amorties. Il en a subi tous les charmes, il en a analysé tous les attraits. 11 est le spectateur toujours émerveillé de ses enchantements d’architecture et de lumière aussi bien que le familier attentif de sa vie passée.
De ce passé, le prince Frédéric de Hohenlohe a réuni avec amour maintes reliques et maints vestiges, surtout ceux de l’époque qui lui est particulièrement chère, de ces suprêmes années d’élégance et de liberté où Venise, déjà déchue, mais plus séduisante encore, raffinait ses dernières grâces et ses dernières délicatesses. C’est de ces souvenirs d’autrefois qu’est parée cette « Casetta Rossa » où habite le prince de Hohenlohe et dont les passants du Grand Canal connaissent bien la rouge façade en retrait, au fond de son petit jardin tout fleuri de glycines et qui mire dans l’eau la balustrade de sa terrasse.
Là, une fois le seuil franchi, on peut se croire l’hôte de quelque patricien de jadis. Toute modernité est soigneusement bannie de la délicieuse demeure que s’est créée le prince Frédéric de Hohenlohe. Rien ne dépare l’ensemble de ce charmant décor, coquet et suranné. Aux murs des toiles de Guardi ou de Longhi offrent à la vue des scènes de la vie vénitienne, et les personnages des tableaux, s’ils descendaient de leurs cadres,