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Page:Régnier - Portraits et Souvenirs, 1913.djvu/174

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l68 PORTRAITS ET SOUVENIRS


pour une huitaine, puis pour une quinzaine de jours tant que durait la foire instituée en souvenir de la libération de la Dalmatie ; encore à partir du premier dimanche d’octobre jusqu’au commencement de l'Avent et enfin à l’occasion de toute fête nationale. Ainsi, pendant environ six mois de l’année, les Vénitiens pouvaient se promener « incognito » sous ce commode et discret attirail qui partout recevait un accueil particulièrement bienveillant. En effet, tous les palais s’ouvraient aux porteurs de "baute", même le Palais Ducal, tandis que les autres masques ne pouvaient qu’en traverser la cour. Les "baute" y entraient librement et étaient admises en présence du Doge. Un certain nombre de places leur étaient réservées aux festins ducaux, ce qui était, ainsi que le remarque M. de Hohenlohe, une façon a d’assurer aux inférieurs un traitement de pair à pair auquel autrement ils n’auraient pu prétendre et que par conséquent ils appréciaient hautement ». Sous la « baûta », titre et rang étaient abolis, même à face découverte. On ne saluait plus M. le comte, M. le marquis, l’Excellence, le Procurateur que par l’appellatif « masque ». « Maschera ti saluto. » Il en résultait que le Doge lui-même, ainsi que les grands dignitaires, profitaient de ce costume pour circuler librement par la ville, le tricorne ne s’enlevant de la tête sous aucun prétexte, à aucune fête, à