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6 TEL QU'EN SONGE


Dans le flanc de la nuit et du silence dû
A son sommeil que tord toute la lassitude
De son espoir en pleurs près de son orgueil nu.

Et me voici plus seul de mon inquiétude
Parmi le crépuscule où mon pas a foulé
La terre du silence et de la solitude.

Le ciel sur mon destin ne s’est pas étoilé
Car ce n’est plus le jour, et la nuit pas encore
N’ouvre son ombre vaste où le soir s'est mêlé.
 
Les flûtes qui chantaient au delà de l'aurore
Se sont tues, lasses de répondre à ta voix,
Lyre dominatrice de la Mer sonore ;

Les trompettes de bronze où, toutes à la fois,
Criaient les passions hâtives ou nocturnes,
Joyeuses départir qui, de mortels exploits.

Déplorent une cendre, au retour, dans les urnes
Toute cette clameur haute sur un Destin
S’est éteinte à travers les passés taciturnes.