Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/319

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

raient à lui en des affaires délicates ou particulières. Aussi fréquentait-il les antichambres et les sacristies. Avec cela, resté populaire, il connaissait les cabaretiers, les loueurs de voitures, les porteurs de chaises et autres menues gens. Il se tenait là fort au courant des filles en train de devenir jolies et des garçons prêts à un coup de main. De cette façon il pouvait toujours mettre à la disposition de ses illustres clients de quoi satisfaire leurs vices ou assouvir leurs rancunes, une maîtresse complaisante ou un spadassin adroit.

À l’affût des voyageurs de passage à Rome, il se présentait à eux sous divers prétextes. À peine arrivés, ils voyaient venir le subtil Angiolino qui leur offrait ses services. Il en avait de toutes sortes à proposer et débutait par celui de leur faire voir la ville, en son détail et en toutes ses curiosités tant publiques que secrètes. Il s’occupait de tout, louait des appartements, vendait des camées et des mosaïques, procurait des reliques de saints, menait à l’église, au théâtre ou au jeu. Aux amateurs de musique il s’entendait à merveille à leur organiser des quatuors ou des concerts de chambre, car il était au mieux avec toute la clique des coulisses et des pupitres, les râcleurs de violons, les acteurs, les castrats. Il avait de quoi contenter le plus exigeant, qu’il voulût dépenser ses écus en achats, en musique, en bonne chère, au jeu ou plus simplement aux femmes, ce qui est encore, après tout, le moyen le plus commun et le plus commode.

Angiolino tenait boutique de beautés, et Olympia