Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/402

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serait courte. Avec un bon coup de pied au cul à Angiolino et quelque large soufflet au visage d’Olympia, vous en seriez quitte et vous les verriez doux comme des moutons. Mais, mon pauvre Monsieur, les femmes et leurs rufians ne sont point votre affaire, et ces deux-là sont de la pire espèce. Vous êtes dans un guêpier dont vous ne sortirez pas et où il me peine de vous laisser, foi de Thomas Tobyson ! Si encore vous tiriez quelque avantage de votre turpitude, je vous comprendrais mieux. Certes, cette Olympia est bonne à l’amour, mais vous ne le faites pas même avec elle. Elle sait les métiers du lit. Elle a la peau fraîche et les membres souples, encore que pour mon goût elle ne donne pas ce qu’on en pourrait attendre. Mais cela vous importe peu, car l’usage que vous en faites n’est pas celui dont je parle et vous êtes encore donc sa dupe d’une façon de plus. »

M. de Galandot regarda M. Tobyson d’un air suppliant.

— « Ce que je dis là, Monsieur, n’est point pour vous fâcher. Chacun aime à sa façon, et la vôtre, pour bizarre qu’elle soit, ne m’en paraît pas moins respectable, quoique, comme j’ai l’honneur de vous le dire, je ne la supporterais pas un instant de l’un de mes compatriotes. Libre à vous donc, Monsieur, de faire le passe-temps et le jeu de ces pendards, mais pourtant je ne veux point partir d’ici sans vous proposer quelque chose. »

M. Tobyson s’était levé. Il se dressa, énorme et rouge, en face de M. de Galandot, maigre et vert, qui avait imité son mouvement. La table les séparait.