Page:Rémusat - Le Livre des récompenses et des peines.djvu/60

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chelier de sa province ; on croyait qu’il ne lui serait pas difficile d’obtenir le grade de premier docteur[1]. Dix ans après pourtant il n’avait pu prendre aucun degré ; il alla consulter un devin et lui demanda ce qui lui arriverait jusqu’à sa mort. Le devin était un homme du premier mérite ; il se rendit à la cour céleste, et comme les portes n’étaient pas encore ouvertes, il s’arrêta auprès des juges incorruptibles qui se tenaient en dehors, et il leur parla de l’affaire de Li-teng, et leur demanda ce qu’ils en pensaient. L’un des magistrats lui répondit : Le souverain seigneur avait marqué la naissance de Li-teng avec le sceau de pierre de iu. À l’âge de 18 ans il devait être second bachelier ; à 19, second docteur ; à 53 ans il aurait été ministre de la droite. Mais par malheur, dans le temps qu’il était second bachelier, il aperçut à la dérobée une fille de la maison voisine de la sienne : il lui prit un violent désir de la posséder ; n’ayant pu s’arranger avec son père, il le fit jeter dans une prison. Par suite de cette action, il fut abaissé de deux points, et son nom se trouva n’être plus que le 29e. Il continua comme il avait commencé, et s’empara injustement de la maison de son frère aîné ; il fut alors abaissé de trois points, et son nom fut le 38e. Se trouvant à Tchang-’an (Si-’an-fou), au milieu de la foule, il aperçut une belle

  1. Voyez la note 8.