Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/118

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Amant, où es-tu,… tandiſ-qu’on te fait un ſort ſi-glorieus ! — Aupres de moi-.

Chèr Pierrot, à ce mot inattendu, mes ïeus ſe-ſont-troublés ; je n’ai-plus-diſtingué les objets. Dans le même inſtant, J’ai-ſenti ſous mes doigts la main de m.lle Manon ; mes lèvres l’ont-preſſée, je ſuis-tombé à ſes genous, tout-hors-de-moi. La bouche de ma charmante Maitreſſe ſ’eſt-approchée de ma joue, en-me-disant : — Relève-toi, mon Ami : oui, c’eſt toi que j’aime ; c’eſt pour toi, qu’en-ce-moment, m.r Parangon ſonde les diſpositions de ma Mêre, pour l’engajer à t’accepter pour Gendre. — Quel bonheur ! me-ſuis-je-écrié ! Ah ! je ne vais plus m’occuper que de vous !… Quelle joie pour mes Parens ! que ma Mère aura de plaisir à vous nommer fa Fille -! Et tout-de-ſuite, j’alais lui montrer la Lettre où tu me le dis, quand m.me ſa Mère, m.lle ſa Sœur ét m.r Parangon ſont-rentrés. Ils avaient tous-trois l’air unpeu-penſif ; cependant les deux Dames m’ont-fait mille careſſes, ſurtout la Mère. Durant tout le repas, m.lle Manon était fort-rouge, ét elle n’a-preſque-pas-ouvert la bouche ; elle n’osait me-regarder qu’un inſtant, ét comme à-la-derobée. Lorſqu’on a-quitté la table, il était près de dix heures ; nous-nous-ſommes-diſposés à nous enaler ; ét comme nous étions ſur le-point de ſortir, m.me Paleſtine a-tiré d’une armoire de trèsbelles manchettes, brodées par m.lle Manon ellemême, dont elle m’a-