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Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/176

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cette Fille, puiſqu’auſſi-bién elle a-commencé de ſe-manquer à elle-même : par-là m.r Parangon menagerait ſa ſanté, il éviterait de folles depenſes ét toutes les ſuites du libertinage ; elle-même ſe-trouverait tranquile : car elle le repète ſouvent, le bonheur n’eſt plus fait pour elle ; c’eſt à la ſeule tranquilité qu’elle aſpire. Je vous quitte. Moderez-vous ; diſſimulez ; obeiſſez à Madame : ſi tantôt Quelqu’un vous demande, ſortez adraitement ; car… c’eſt une Perſone que vous ſerez-charmé de voir » -.

Hébién, mon Frère ?… Oh ! quel coupe-gorge, que ces Villes, que je commencais à tant aimer ! Voila donc mon indigne Maître ! quelle ſcelerateſſe !… comme ce vil Corrupteur de l’innocence tend ſes pièges à la ſimplicité… Je veus que ma Mère ét mes Sœurs partent d’ici ſur-le-champ ; l’air impur qu’on y-reſpire les ſouillerait ; Fanchon-Berthier, par un plus-long ſejour, y-deviéndrait moins-digne de mon Frère. Mais que dis-je ! m.me Parangon, ou plutôt la Vertu-même, n’y-habite-t-elle pas ?… Ô ſejour des contraires, affreus caos, quand te debrouilleras-tu pour moi !…

Je t’écris en-attendant qu’on fait-levé. Mon Ami, viéns chercher nos Parens ét ta Maitreſſe ; accours ; feins des malheurs ; mens pour la première-fois. Urſule, qui va paraître, decouvrira tout en-route à notre Mère, ét rompra mes indignes liéns. Adieu.