Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/208

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Mère : le mal n’eſt pas grand encore ; on peut facilement y-remedier, lorſqu’on nous renverra Urſule, que m.me Parangon demande avec de nouvelles inſtances.

C’eſt à qui me-fera ici plûs d’amitiés ; j’en-reçois également de mon Maître ét de ſa reſpectable Épouse : mais les careſſes du Premier ſont trompeuses, ét je m’en-defie : ces termes ont un double-ſens pour moi… Je me-trouve enfin dans un état qu’on pourrait dire heureus, si je n’avais pas quelques retours… Ils ceſſeront biéntôt, ét quand je n’aurai-plus devant les ïeus les marques de ma honte,… je ſerai plus-content que je ne l’aurais-efperé.

M.lle Manon a-quitté ſa maison pour ſix-mois ; elle eſt dans une Communauté, dont la Superieure eſt ſa Parente ; ſa Mere ét ſa Sœur l’y-ont-accompagnée. Que nos chèrs Parens leur écrivent une Lettre honnéte, qui marque ſimplement de l’eſtime, ſans parler de mariage en-auqu’une facon, ét qu’on en-charge Urſule : qu’elle arrive au-plutard dimanche. Je me-recommande à toi pour cela, chèr Aîné ; te priant de me-craire, pour toi ét pour tous nos Frères-ét-Sœurs, rempli de la plus-vive amitié.

P.-ſ. Tu va trouver dans la feuille ci-incluse, l’hiſtoire de la ſeduction de m.lle Manon ; ét Je crais qu’après que tu l’auras-lue, cette infortunée Demoizelle te-paraîtra unpeu-plus-excusable ; elle l’avait-écrite pour mé-