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Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/254

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quittée, quoiqu’il t’ait-laiſſée entre de bonnes mains ; car tu connais, comme toute la Ville, le merite de m.r Berryat. Conſerve-toi ſoigneusement pour ton Mari, ét n’aye pas la moindre inquietude à l’égard de tout le reſte. La nuit de l’éternel ſilence le couvre… C’eſt à-present que je vais me-livrer à toute la douceur d’être à toi ; rién ne m’en-diſtraira ; ét je fonde ſur un ſincère retour de ta part, tout l’eſpoir de mon bonheur à-venir.

Je reçois en-même-temps une Lettre du p. D’Arras, que j’ai-brúlée après l’avoir-lue, Il m’apprend, que l’Enfant a-été-enlevé, ét batisé dans un Village à plus de huit-lieues d’ici (c’eſt Pourrain), ſous le nom de ſon Père : et qu’on a-deguisé celui de la Mère encette ſorte, Enitſelap ; qu’on aſſure qu’il vivra, malgré la manière forcée dont il a-vu le jour ; que l’envie ſeule d’avoir un Fils, avait-determiné l’Homme que tu ſais à te ſeduire : deseſperé de ne point avoir d’Enfans de ſa Famme, il n’avait-cherché qu’a ſe-procurer avec Une-autre la ſatiſfaction d’être père : que tout lui ayant juſqu’á-present-reüssi, rién ne l’inquiéterait plus, ſi je lui remoignais être-content de mon ſort. Il forme des projets pour l’établiſſement de cet Enfant, auquel il trouvera le moyen d’aſſurer ſa fortune : mais tu conçois combién tout-cela ſent encore la chimère. Il m’importe ; je t’en-entretiéns pour t’en-amuser, ét flater ton cœur : car je n’ai pas l’injuſtice de trouver-mauvais que tu