Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/57

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un établiſſement de Ville, ils ſ’éloigneraient encore bién-plûs de tes fentimens, ſi tu t’alais-enmouracher d’une Servante. Et tant-ſ’en-faut que je meprise Perſone, tu le fais bién ; mais quand une Fille a-ſervi dans les Villes, vois-tu, mon Edmond, ça lui donne un mauvais-chapeau ; mon Père ét ma Mère nous l’ont-dit cent-ét-cent-fois : ét par-ainſi, comme tu me l’as-marqué toi-même, mon Ami, dans une des tiénnes, un bon Garſon-de-charrue, une Moiſſonneuse dans nos quartiérs, une Fille qu’on prend-pour aider dans le menage, n’ont rién à ſe-reprocher, car ils ét elles ſont comme les Enfans-de-la-maison : ils ét elles ne font pas plûs que les Maîtres, comme tu me l’écris, ét tout le monde met la main à la pâte : mais, vertudié ? une Servante à la Ville, un Laquais-à-livrée, Tous-ceux-là qui font des ouvrages-de-rebut, ét comme tu dis, des choses-baſſes, ou qui en-ſouffrent, ça repugne, Edmond, ça repugne ! parceque des Gens-de-cœur ne ſe ravalent jamais juſqu’à-ça. Je plains cette pauvre Fille-là, ſi tant eſt qu’elle ſoit de quelque-chose, ét il faut lui faire politeſſe, mais point d’accointance trop-forte, La m.lle Manon eſt une drôle de fille ?… Mais, que te font toutes ſes fierpetteries ? Quand m.me Parangon ſera de-retour, tu n’auras plus que faire à cette Pimpette-là, qui ſe-croit ſortie de la côte de Saintlouis, ét qui pourtant a la même ſouche