Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/59

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de m.lle Tiénnette ; il avait-prié, dès auparavant la fuite de ſa Maitreſſe, ſes Père ét Mère de le placer chés un Procureur de cette Ville-ci, pour y-prendre une connaiſſance parfaite des affaires ; ét il n’y-eſt-venu que quinze jours après elle. Ces pauvres Jeunes-gens ſe voient tous les jours après ſouper, en-ma-presence : auparavant Tiénnette ſe privait de ces entretiéns-là : mais depuis qu’elle me connaît, nous ſortons enſemble le ſoir, ſous-pretexte de prendre un-peu l’air, ét nous alons à la place Saintétiénne, où m.r Loiseau nous joint. Tiénnette ét lui ſe-disent des choses ſi-douces, qu’elles m’attendriſſent le cœur, êt qu’il me-ſemble que je ſois de-moitié dans leur affection : auſſi, je me trouve très-heureus de les faciliter ; car leur frequentation eſt-honnête, ét ils ne ſe-disent pas un mot qu’ils ne puſſent lâcher devant leurs Péres ét Mères. Par-exemple, ſans moi, Tiénnette n’irait pas aujourd’hui avec ſon Amant à l’Arquebuse, où on tire l’oiseau : c’eſt une jolie fête, où on voit toute la Ville, ét ſurtout les Dames dans une parure trésbrillante.

Quant à ce que tu me dis de notre parenté à-la-quatre, avec m.lle Manon, je ne crois pas quelle le ſache : mais quand elle le ſaurait, ce-ſerait tout-de-même. Ici les Frères ét les Sœurs ſe regardent à-peine comme Parens ; ét à-moins qu’un Oncle n’ait