Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/82

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Ô-ſeigneur ! cette d.lle Manon ! C’eſt une Vipère que cette Fille-là (ſupposé, comme tu dis, que ce ſait elle) ! Ét dans ce cas, il n’y-faudrait pas plûs-ſonger qu’à ta première-chemise ; J’avais-cru que c’était quelquechose pour toi ; mais ça pourrait-bién-être moins que rién… Il faudra pourtant voir encore, auparavant que de lui dire tout-à-fait abrenuntio Satana (comme on dit au-batême). Tu as beau-faire, je n aime pas ta Tiénnette : quand on-va drait, on ne ſe-cache pas ; il y-a quelquechose là-deſſous. Pour cette gentille Edmée, dont tu me parles tant, ça ne me plaît pas autant qu’aurait-fait m.lle Manon, vois-tu, mon Ami : ne va pas t’attacher, ſans bién-ſavoir ce que c’eſt ; il faut viser au ſolide ; z c’eſt-là mon mot, à moi : Parainſi, qu’elle ſoit d’Honnêtes-gens, ét qu’elle ait des eſperances, je t’appuierai ; ſinon, neſcio vos. Ne va pas trop-vîte en-besogne : fais l’amour comme ici ; on ſe-frequente quelquefois quatre-à-cinq-ans avant de ſ’avoir, ét on n’en-eſt guère plus-familiers pour ça ; on cause au Père ét à la Mère plus-ſouvent qu’à la Fille ; ét ça fait-bién ; on apprend le menage avec eux, ét on profite de leurs conſeils ; aulieu que de Jeuneſſe à Jeuneſſe, on ne dit que des balivernes. Je te dirai qu’on parle de nous marier, Fanchon-Berthier ét moi cet hiver : c’eſt tout-comme il plaîra à notre Père ét à notre Mère, ét aux géns. Je crais que j’aurai une honnête ét