Les premiers récits de Garneray furent publiés par la Patrie, en 1853 ; ce sont ces feuilletons qui ont formé les Scènes maritimes, 2 volumes édités par Barba (1863), avec introduction d’Hippolyte Lucas. Le Saint-Antoine, qui compose le premier volume, fut publié par la Librairie parisienne. Cette partie contient d’intéressants souvenirs sur Madagascar et les mœurs malgaches. Le tome II est un recueil d’épisodes divers : Surcouf, le Passage de la ligne, etc. Le chapitre l’Atalante est la mise à l’eau de ce navire par un condamné à mort, comme cela se pratiquait parfois alors. Les pages intitulées Profils de marins sont à signaler particulièrement.
En tête de ce tome II, Garneray réclame l’indulgence pour sa « pauvre œuvre » et son style « goudronné ».
« Il maniait la plume comme il avait manié la hache d’abordage », a dit M. Victor Tissot.[1]
Certes le digne marin « n’a aucune prétention au titre d’académicien » ; il n’est même pas, à proprement parler, un écrivain. Il a vu de grandes choses, il a ressenti de fortes impressions ; il aime à se souvenir et raconte ses impressions et ses souvenirs, rien autre. Son style « goudronné » est simple, exempt de recherche ; c’est, tout uniment, de brave prose, saine, honnête et l’on est aise de la retrouver et d’y revenir : les rééditions qui en sont faites incessamment le prouvent assez.
Un peu de fantaisie romanesque a dû s’y glisser, avons-nous dit, ceci n’est pas douteux, et l’auteur confirme la supposition par son aveu de « défaut de mémoire ». Néanmoins, s’il a un peu embelli ou arrangé les détails, tout le fond est rigoureusement vrai. Il est toujours et toujours d’une scrupuleuse bonne foi. Qui en pourrait douter sachant que lorsqu’il dessina le Combat de « la Confiance » contre « le Kent » , auquel il avait pris part cinquante ans auparavant[2], il refusa d’y introduire son propre por-.
- ↑ Aventures et Combats, édition de 1886.
- ↑ 1800.
du parlementaire français la Mouche, cap. Faucheur, venant de Portsmouth. Numéro 108, Garneray (Louis), âgé de 32 ans, aide-timonier à 45 francs, pris sur la frégate la Belle-Poule, le 13 mars 1806, né à Paris et destiné pour la même ville. (Doc. off.)
Dans ses Mémoires, Garneray dit qu’il rentra en France le 20 avril ; mais les documents officiels doivent avoir ici plus d’autorité que le héros lui-même.