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que j’ai l’intention de présenter au concours que vous avez ouvert pour faciliter au conseil municipal le choix d’un conservateur du musée de Rouen, j’y ai remarqué ces mots, probablement placés à dessein, que le talent de peindre ne serait pas la seule qualité exigible pour obtenir de vous et de votre administration la place honorable de conservateur du musée.

« Comme il paraît évident, d’après la sage précaution renfermée dans ces mots qu’indépendamment du talent vous exigerez avec raison des preuves de moralité, de bienséance, de savoir-vivre, je viens en toute confiance vous exposer une analise (sic) de mon existence publique et de ma vie privée.

« Cette analise, Monsieur le Maire, est une tâche difficile qui me place entre deux écueils dont l’un est de faire mon éloge et l’autre de faire l’abandon de mes droits. Cependant malgré ce qu’il en coûte à un homme délicat d’être obligé de parler de lui-même en termes mesurés et avec la conscience de ne dire que la vérité, j’adopte le premier de ces deux partis par la double raison que cette nécessité est commune à tous mes concurrens, et ici je vous prie de daigner m’accorder votre attention, car c’est un jugement que vous êtes appelé à prononcer :

« Je suis fils et frère d’artistes connus par leur moralité et par leur talent (MM. Langlois[1], Alavoine[2] et Berrard[3] peuvent en rendre témoignage, ils les ont connus) ; mon père, toujours existant, habite à Auteuil dans une petite maison qui lui appartient[4] ; un de mes frères est mort[5] ; l’autre qui se livre aussi à la pein-

  1. Langlois (Eustache-Hyacinthe), 1777-1837. Peintre et graveur rouennais.
  2. Alavoine (Jean-Antoine), 1776-1834. Architecte de la flèche en fer fondu de la cathédrale de Rouen, 1822.
  3. Il n’existe, du nom de Berrard, aucun artiste contemporain de Garneray. Pour tous les répondants, résidant à Paris, dont il se réclame, il donne leur adresse en marge de sa lettre, ce qu’il ne fait pas pour MM. Langlois, Alavoine et Berrard ; celui-ci devait donc aussi habiter Rouen et être inévitablement connu de M. Barbet. Tout porte à croire qu’il est ici question de M. Bérard, censeur de la Banque de France, à Rouen, rue d’Harcourt, no5, ou de M. Louis Bérard, chevalier de la Légion d’honneur, quai du Havre, 85.
  4. Il y mourut le 11 juin 1837.
  5. Garneray (Auguste-Siméon), 1785-1824, né à Paris. Élève d’Isabey. Professeur de la reine Hortense, et plus tard de la duchesse de Berri ; dessinateur des costumes de l’Opéra. On cite de lui des aquarelles commandées par l’impératrice Marie-Louise pour une Histoire de Mlle de La Vallière, les illustrations d’une édition de Molière, etc., etc.