Page:Réunion des sociétés des beaux-arts des départements, volume 27, 1903.djvu/719

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partie et celui de M. Cheveau, capitaine de la 1re compagnie du 2e bataillon de la IIIe légion, dont je fais partie aussi. Ils pourront vous dire, monsieur le maire, si j’ai été l’un des premiers à prendre les armes à toutes les émeutes et si j’étais le premier rendu à la mairie le 5 juin quand il s’est agi de la disputer aux insurgés.

« Pendant les trois premières journées de juillet j’étais à Alger missionné par le gouvernement pour faire le tableau de la prise de cette ville.

« M. Guinot, chef des transports militaires à Marseille, vous certifiera en outre qu’en 1825, me trouvant en partie de plaisir dans son bateau à une distance assez éloignée de la terre, j’ai sauvé malgré son opposition et celle de sa famille, l’un après l’autre, trois malheureux dont le canot avait chaviré.

« Je pourrais terminer cette lettre, déjà trop longue peut-être, si je n’avais la ferme conviction que non seulement un artiste doit être recommandable par ses parens, par lui-même, mais encore par ses alliances et par son entourage ; aussi pour vous le prouver, ainsi qu’à MM. vos adjoints, monsieur le maire, je vous annonce que la femme que j’ai épousée il y a douze ans est fille de feu M. Cavaroz, administrateur des Quinze-Vingts, décédé en 1814, et petite-fille du célèbre Maquaire[1], médecin chimiste et professeur au Jardin des Plantes après Buffon et sous lequel ont étudié MM. Fourcroy, Chaptal, Laperrière, Chaussée, Cuvier, Orfila et tout ce que la France compte d’hommes dans les sciences utiles depuis un demi-siècle.

« Je crois, Monsieur le Maire, vous avoir instruit, par cette lettre et par la précédente autant que je puis le faire, de tout ce qui m’est relatif si ce n’est cependant que pendant ma captivité en Angleterre j’ai appris la langue anglaise de manière à pouvoir correspondre facilement sur n’importe quel sujet, soit verbalement soit autrement ; que mon seul désir maintenant est de couler ma vie dans la société des habitans de cette ville s’ils ont l’indulgence de m’accueillir favorablement et de vous donner de vive

  1. Macquer (Pierre-Joseph), 1718-1784. Célèbre chimiste, associé, puis pensionnaire, de l’Académie des sciences de Paris, directeur de la manufacture de porcelaine de Sèvres, professeur de chimie au Jardin du roi.