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qu’aux autres considérations que contient cette même lettre. »

Si Garneray avait été marin désintéressé, il ne fut pas moins généreux, artiste, on le voit. La municipalité rouennaise n’en abusa-t-elle pas en ne lui accordant même pas un logement ?

Le 4 novembre, il réclame à ce sujet. Il habitait alors place Saint-Ouen, no 5 ; mais le bibliothécaire, Théodore Licquet, venait de mourir[1] et Garneray estimait qu’étant donné ses vastes proportions, son logement, devenu vacant, pouvait être divisé en deux et une moitié lui être attribuée. Bien qu’on lui fit espérer satisfaction, cette question de logement ne devait pourtant pas être résolue de sitôt, car deux ans plus tard, le 24 novembre 1834, Garneray écrivait : « Les appointements de 2 000 francs accordés au conservateur du musée étant, d’après nos conditions, touchés par M. Descamps, il résulte que je ne suis ni logé ni payé. »

À cette plainte, bien justifiée, il ajoute que, au lieu de se renfermer comme il l’aurait pu dans les fonctions de sa place, il surveille quotidiennement une classe d’élèves — en deux ans, il s’en était présenté trente-sept — « auxquels ma conscience me reprocherait de refuser le secours de mes connaissances ».

Ce ne fut que le 31 janvier 1836 que la mort de Descamps donna enfin à Garneray les émoluments de son poste.

Dès son arrivée au musée de Rouen il avait voulu créer une exposition annuelle de peinture. Il y réussit complètement d’ailleurs et le succès de cette fondation, affirmé par les organes locaux, alla toujours croissant.[2]

Il parvint également à constituer, par actions, une Société des Amis des arts, dont le concours lui facilita de précieuses acquisi-

  1. 1er novembre 1832.
  2. Pour ces expositions, v. Revue de Rouen, t. II, p. 49 ; t. III, p. 257 ; t. IV, pp. 63 et 120 ; t. V, p. 61 ; t. VI, p. 40 ; t. VII, p. 357 ; t. VIII, pp. 5, 215 et 300 ; t. X, p. 63 ; Journal de Rouen, 2, 7, 9 et 11 juillet 1833 ; 1er juillet 1834 : « Tout l’honneur (de cette exposition) doit être rapporté à l’habile directeur, M. Garneray, dont la réputation comme artiste n’avait plus à croître… il a exposé, outre sa Pêche à la morue, la Pêche au saumon, inspirée de Guy Mannering ; une Marine hollandaise, pleine de transparence, de vie et d’exactitude, etc. » Le Journal de Rouen, du 31 janvier 1835, fait grand éloge de la Pêche aux aloses, que Garneray avait généreusement exposé pendant huit jours au profit de la Société maternelle ; ibid., 6 juillet : « Le contingent du directeur de notre Musée n’est jamais assez nombreux. » ; ibid., 13 juillet et 10 août 1835 ; 2 et 23 juillet 1836.