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de Montréal, y mirent tout à feu et à sang, et firent périr dans les plus affreuses tortures plus de deux cents personnes. Après cet horrible massacre, ils parcoururent l’île, venant jusque sous le feu des canons de Montréal et commettant partout les mêmes brigandages. M. de Denonville, enfermé dans Montréal, était hors d’état de repousser cette horde. Il lui fallut attendre que, suffisamment repue de carnage, elle reprît d’elle-même le chemin de ses cantons, ce qui n’arriva que vers le milieu d’octobre 1689.

Les Iroquois n’étaient si hardis que parce qu’ils se sentaient appuyés par les Anglais qui leurs fournissaient, autant qu’ils en voulaient, de la poudre et des armes. Aussi était-il évident que le champ de bataille allait s’élargir et que la guerre serait désormais entre la Nouvelle-France et les colonies de la Nouvelle-York et de la Nouvelle-Angleterre. Le traité de « neutralité » que Louis XIV avait signé avec Jacques II (1687) et qui interdisait à chacune des parties contractantes d’intervenir dans les querelles que l’autre pourrait avoir avec les indigènes, était resté lettre morte, du temps même de Jacques II et du gouverneur Andros, qui pourtant s’était fait fort de tenir la main à son exécution et de réprimer les velléités républicaines des Puritains de la Nouvelle-Angleterre. Sous prétexte d’empêcher les conflits, Andros se chargea de tracer lui-même la ligne de démarcation entre les possessions du roi de France et celles du roi d’Angleterre, puis décidant de son propre arbitre que l’habitation et les terres du Français Saint-Castin se trouvaient dans la limite des possessions anglaises, il monta lui-même sur