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contre nous. Le chevalier Andros le remplaça, mais ce changement n’empêcha pas les hostilités de continuer entre les Français et les tribus iroquoises. Un acte de déloyauté de la part de notre gouverneur avait donné à ces dernières un juste sujet de colère contre nous. Louis XIV avait écrit à M. de Denonville pour lui demander « de faire tout son possible pour faire un grand nombre de prisonniers de guerre parmi les Iroquois et les faire ensuite passer en France, ces sauvages qui sont forts et robustes devant servir utilement sur ses galères ». Pour satisfaire à cette réquisition, M. de Denonville imagina un véritable guet-apens. Avant même que la guerre fût déclarée, il attira, sous le prétexte d’un festin, les principaux chefs iroquois à Cataracoui, les fit prisonniers et les envoya en France à destination du bagne de Marseille. La guerre qui s’en suivit fut atroce de part et d’autre. M. de Denonville brûla les villages des Iroquois et ravagea leur pays, mais il leur tua peu de monde. Les Iroquois, de leur côté, nous firent beaucoup de mal en harcelant continuellement nos troupes et nos campements. Une épidémie qui fondit sur la colonie en 1687 et qui emporta en particulier toute la garnison du fort Niagara, contribua encore à abaisser le moral des soldats et des habitants. Les Iroquois en devinrent plus audacieux. Ils attaquèrent à l’improviste le fort Chambly et, repoussés là, dirigèrent leur effort contre le fort Cataracoui où ils enlevèrent trois soldats et une jeune fille. Mais de tous les coups de ces sauvages, le plus funeste fut porté les 4 et 5 août 1689. À cette date, quinze cents Iroquois firent une descente dans l’île de Montréal, surprirent, pendant la nuit, le village de La Chine, à trois lieues