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moins les Turcs, contre le « Roi-Soleil », menaça la France d’un des plus grands dangers qu’elle eût encore courus. La déclaration de guerre à la France publiée le 7 mai 1689 excita un grand enthousiasme en Angleterre, où l’on reprochait entr’autres choses aux Français de s’être emparés de la baie d’Hudson et d’avoir empiété sur les pêcheries anglaises de Terre-Neuve. L’enthousiasme fut plus vif encore, si possible, dans la Nouvelle-Angleterre, où, dès la première nouvelle de la Révolution, on arrêta Andros et les membres de son conseil, ainsi qu’à New-York, où les anciens dissentiments entre Anglais et Hollandais se trouvèrent subitement effacés par l’avènement d’un prince qui représentait à la fois les deux nations. La Nouvelle-France pouvait s’attendre à recevoir durement le contre-coup de ces événements. Louis XIV, comprenant qu’une situation si critique demandait un homme d’une énergie peu commune, avait déjà décidé de remplacer M. de Denonville et de renvoyer au Canada M. de Frontenac, à qui il fut seulement recommandé d’être plus retenu que la première fois dans ses rapports avec le clergé. On ne pouvait assurément faire un meilleur choix pour les circonstances où allait entrer la colonie, que celui de ce ferme et vaillant homme de guerre. Frontenac débarqua le 22 novembre 1689, aux acclamations des habitants, sur cette terre du Canada qu’il avait quittée sept années auparavant et qu’il retrouvait toute fumante encore du sang de tant de colons massacrés, de tant d’incendies et de ruines.

Avant de raconter les luttes qui suivirent, il convient de revenir un peu en arrière pour reprendre, où