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Le premier de ces corps avait pour objectif Orange (aujourd’hui Albany), dans la Nouvelle-York ; mais l’entreprise de prendre cette ville était si audacieuse que les sauvages refusèrent de marcher, et l’on se rabattit sur le bourg voisin de Corlar (’aujourd’hui Schenectady), dont l’enceinte renfermait 80 maisons. Les habitants faisant mauvaise garde furent surpris pendant la nuit et massacrés sans pitié par les sauvages, sous couleur de représailles de l’affaire de Lachine. Une soixantaine de personnes seulement, parmi lesquelles le commandant de la place, dont la femme avait autrefois généreusement traité des prisonniers français, purent obtenir grâce de leur vie ; encore beaucoup de ces malheureux chassés de leurs maisons qui furent livrées aux flammes, périrent-ils de froid dans les bois avant d’avoir pu gagner Albany.

Pendant que ces faits se passaient, M. de Hertel conduisait sa troupe à travers les forêts du New-Hampshire, s’emparait d’un village de la côte, Salmon-Falls (près de la ville actuelle de Portsmouth) et mettait en déroute, au passage d’un pont, un corps de deux cents Anglais envoyé pour couper sa retraite.

Le troisième corps, sous M. de Portneuf, pénétra dans le Maine et, après trois mois de marche au cœur de l’hiver, rejoignit Saint-Castin et ses Abénakis, non loin de Falmouth, sur la baie de Casco, à plus de cent lieues de son point de départ. Les Anglais avaient construit en ces parages, à l’embouchure du Kennébec, un fort assez important entouré de quatre fortins. La garnison comptait 70 hommes, pourvus de 8 canons. Portneuf et Saint-Castin attaquèrent résolûment ces