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Pendant que d’Iberville ramenait ainsi Terre-Neuve et la baie d’Hudson sous la domination exclusive de la France, M. de Frontenac s’occupait d’affermir cette domination dans les régions placées plus directement sous son commandement. Quoique la cour de Versailles eût donné l’ordre d’évacuer les « Pays d’en Haut » (province actuelle d’Ontario) à cause de la difficulté de garder un territoire aussi immense, M. de Frontenac prit sur lui de désobéir à des instructions dont la conséquence eût été de livrer aux Anglais les grands lacs et la vallée du Mississipi. Il crut au contraire l’occasion propice pour frapper un grand coup et humilier l’audace des Iroquois. En juillet 1696, il dirigea contre eux une armée de plus de 2.000 hommes qu’il conduisit lui-même dans les plaines de la rivière Oswégo, une des tributaires du lac Ontario. Les Iroquois, selon leur coutume, se dérobèrent devant la marche de l’armée et il fallut se contenter de brûler leurs forts et de dévaster leur pays ; après quoi M. de Frontenac reprit la route de Montréal, ayant par cette démonstration militaire jeté, pour un temps au moins, la terreur au sein des cantons Iroquois.

Un plus grand projet allait maintenant solliciter son activité. Le ministre de la marine, M. de Pontchartrain s’était rallié à l’idée d’une grande expédition par mer et par terre en vue de s’emparer de toute la Nouvelle Angleterre. Le marquis de Nesmond, officier de grande réputation, fut mis, dans ce but, à la tête d’une escadre qui ne comptait pas moins de 10 vaisseaux, outre quelques brûlots. M. de Frontenac devait joindre cette flotte avec quinze cents hommes à Pentagoët et s’y embarquer pour aller détruire Boston et New-York.