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fermoit la marche. À la fin du service, il y eut deux décharges de mousquets, et une troisième après que le corps eut été mis en terre. Il fut enterré dans la grande église et on grava sur la tombe cette inscription : Cy-git le Rat, chef huron. Une heure après les obsèques, le sieur Joncaire mena les Iroquois de la montagne complimenter les Hurons, auxquels ils présentèrent un soleil et un calice de porcelaine ; ils les exhortèrent à conserver l’esprit et à suivre toujours les vues de l’homme célèbre que leur nation venoit de perdre, à demeurer toujours unis avec eux, et à ne se départir jamais de l’obéissance qu’ils devoient à leur commun père Ononthio. Les Hurons le promirent et depuis ce temps-là, on n’a point eu de sujet de se plaindre d’eux[1]. »

Ainsi se trouvait atteint le but si longtemps et si vainement poursuivi par la politique française dans l’Amérique du Nord. Toutes les tribus indiennes du voisinage de nos possessions étaient réconciliées entre elles et se réclamaient de notre amitié et de notre protection. Les Iroquois, en particulier, s’engageaient à rester neutres en cas de guerres nouvelles entre la France et l’Angleterre. Ce traité, connu sous le nom de « traité de Montréal », vint d’autant plus à point que la guerre comme nous le verrons, ne tarda pas à recommencer entre la France et la Grande-Bretagne, et que la Nouvelle-France, dans sa lutte inégale contre les colonies anglaises, se vit à peu près abandonnée à ses seules ressources. Comment eût-elle pu soutenir l’effort de ses adversaires, si ceux-ci avaient pu compter, comme par le passé, sur l’alliance active des tribus iroquoises ?

  1. P. Charlevoix, Op. cit., t. II, pages 278 et suiv.