Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/166

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croient les plus incrédules de leur fidélité, de leur sincérité et de leur respect pour leur père commun. On apporta ensuite le traité de paix, qui fut signé de trente-huit députés : puis le grand calumet de paix. M. de Callières y fuma le premier ; M. de Champigny y fuma après lui ; ensuite M. de Vaudreuil, et tous les chefs et les députés, chacun à leur tour. Après quoi ou chanta le Te Deum. Enfin parurent de grandes chaudières, où l’on avoit fait bouillir trois bœufs. On servit chacun à sa place, et tout se passa gayement. Il y eut à la fin plusieurs décharges de boëtes et de canons, et le soir illuminations et feux de joye. »

Kondiaronk, qui avait contribué plus qu’aucun autre à ce grand événement, mourut deux jours avant la signature de cette paix. « Sa mort causa une affliction générale, et il n’y eut personne, ni parmi les François ni parmi les sauvages, qui n’en donnât des marques sensibles. Son corps fut quelque temps exposé en habit d’officier, ses armes à côté, parce qu’il avoit dans nos troupes le rang et la paye de capitaine. On lui fit des funérailles magnifiques. M. de Saint-Ours, premier capitaine, marchoit d’abord à la tête de 60 soldats sous les armes. Suivoient, marchant quatre à quatre, seize guerriers hurons, vêtus de longues robes de castor, le visage peint en noir, et le fusil sous le bras. Le clergé venoit après, et six chefs de guerre portoient le cercueil, qui étoit couvert d’un poële semé de fleurs, sur lequel il y avoit un chapeau avec un plumet, un hausse-col et une épée. Les frères et les enfants du défunt étoient derrière, accompagnés de tous les chefs des nations et le gouverneur de la ville, M. de Vaudreuil, qui menoit Madame de Champigny,