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die, fut un de leurs plus beaux exploits (11 février 1747). Les Anglais furent ce jour-là battus de front, tournés par un détachement, écrasés et obligés de se rendre à discrétion à une force inférieure en nombre et fatiguée par une marche de soixante lieues sur la neige. D’autres expéditions partielles dirigées contre les frontières de la Nouvelle-Angleterre (on n’en compta pas moins de vingt-sept en trois ans), harcelaient et harassaient les Anglo-Américains, qui avaient fini par évacuer leurs forts avancés, sans se mettre à l’abri des incursions et des ravages.

Ainsi la paix était également désirable pour tous les pays, et tous en sentaient également le besoin. Malheureusement, Louis XV, qui pouvait en dicter les conditions, mit une sotte gloire à défendre les intérêts de ses alliés plus que ceux de la France même. « Mon maître, avait dit le marquis de Séverin, le plénipotentiaire français au Congrès d’Aix-la-Chapelle, veut la paix, non en marchand, mais en roi. » Celle belle fierté nous fit abandonner les villes de Flandre que nos armes avaient conquises. « Le roi de Prusse fut celui qui retira les plus grands avantages ; il conserva la conquête de la Silésie, dans un temps où toutes les puissances avaient pour maxime de ne souffrir l’agrandissement d’aucun prince[1]. » En échange de Madras rendu aux Anglais, la France recouvra Louisbourg et l’île du Cap-Breton. Tout fut donc remis, en Amérique, sur le même pied qu’au trailé d’Utrecht, l’Acadie restant aux Anglais, mais sans qu’on prît le soin d’en préciser les limites, ce qui devait être l’occasion de la

  1. Voltaire, Siècle de Louis XV, ch. 30.