Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/214

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avec les richesses d’un sol vierge, les perspectives d’une aisance et d’une indépendance que le sol de la patrie ne garantissait guère, à cette époque, à ses laboureurs.

Obligé de renoncer à l’espoir d’obtenir jamais ce renfort de colons, si vainement sollicité, M. de la Galissonnière tira du moins le meilleur parti possible des ressources qu’il avait sous la main. Il fit construire ou augmenter deux forts sur l’isthme de l’Acadie, et s’efforça d’attirer les Acadiens sur le territoire français, afin de donner à cette frontière une population capable de la défendre. Il éleva sur le Saint-Laurent, entre Montréal et le fort Frontenac, le fort de la Présentation pour s’assurer le fleuve et maintenir les Iroquois ; on construisit sur le lac Ontario le fort de Toronto pour relier le fort Frontenac (aujourd’hui Kingston) et Détroit. Il exista, dès lors, de Québec au Mississipi, une grande ligne de postes militaires qui assuraient les communications entre le Canada et la Louisiane ; elle se composait de Québec, Montréal, la Présentation, Frontenac, Toronto, Détroit, fort des Miamis, fort Sainl-Joseph, Chicago, fort Crèvecœur sur l’Illinois et fort de Chartres sur le Mississipi. En avant de cette ligne, entre le lac Ontario et le Mississipi, et en suivant le cours de l’Ohio, on éleva une autre série de postes militaires, destinés à fortifier notre frontière et à retenir les Anglais derrière les Alléghanys. Cette ligne de postes avancés commençait à Niagara et se continuait, par le fort Presqu’île, le fort de la Rivière-aux-Bœufs, le fort Machault et le fort Duquesne qu’on éleva un peu plus tard.