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William-Henry. » Il parle de 1,500 Anglais massacrés. La vérité est qu’il y eut une vingtaine d’hommes tués, dont un au moins du côté de nos Français qui s’interposèrent, à l’exemple de M. de Montcalm, pour arracher les Anglais à la fureur des sauvages[1].

Il est certain que nous avions, en la personne de ces sauvages, de compromettants alliés, dont l’indiscipline fit, plus d’une fois, avorter les plans de nos généraux. Dans cette occasion même, si leurs bandes ne s’étaient pas dispersées après la victoire et si Montcalm eût pu les garder dans le rang, c’en eût été fait sans doute de la Nouvelle-York qu’il eût pu, poursuivant sa course, conquérir avant la fin de la saison. Mais, outre les sauvages, il fallut encore renvoyer chez eux les miliciens pour faire la moisson et sauver ce qui restait de la récolte que des pluies continuelles avaient en grande partie détruite.

L’hiver de 1757 à 1758 fut extrêmement rigoureux et ajouta encore aux souffrances de la colonie. Par l’effet de la mauvaise récolte de l’année, la disette était devenue famine. M. de Montcalm écrivait le 18 septembre (1757) : « Manque de vivres, le peuple est réduit à un quarteron de pain. Peu de poudre ; point de souliers… » ; Le 26 février suivant, M. Doreil écrivait à son tour : « Le peuple périt de misère. Les Acadiens réfugiés ne mangent, depuis quatre mois, que du cheval ou de la merluche (morue sèche) sans pain ; il en est déjà

  1. Malgré notre bonne-foi évidente et l’honorable conduite que le marquis de Montcalm avait tenue dans cette affaire, les Anglais, faisant sonner fort haut ce qu’ils appelaient notre infraction, refusèrent de tenir les conditions de la capitulation.