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trois gouvernements (Québec, Montréal, les Trois-Rivières), dont chacun eut un général ou un colonel à sa tête. Le Labrador, depuis la rivière Saint-Jean jusqu’à la baie d’Hudson, l’île d’Anticosti, l’île de la Madeleine, furent annexés au gouvernement de Terre-Neuve ; les îles Saint-Jean et du Cap-Breton furent jointes à la Nouvelle-Écosse ; les terres des grands lacs aux colonies voisines. Un peu plus tard le Nouveau-Brunswick allait être distrait lui-même de la Nouvelle-Écosse, pour recevoir une administration particulière et prendre le nom qu’il porte encore aujourd’hui. Entr’autres avantages de cette mesure au point de vue anglais, se trouvait celui d’isoler plus complètement l’un de l’autre les deux rameaux de la famille française dans l’Amérique du Nord, les Canadiens et les Acadiens.


Puisque le nom des Acadiens est revenu sons notre plume, c’est le moment de dire encore un mot des débris de cet héroïque petit peuple.

Lorsque la paix de 1763 fut signée, on peut estimer, dit leur sympathique historien[1], qu’il restait encore 250 ou 260 familles dispersées soit dans la presqu’île acadienne, soit pour le plus grand nombre sur les côtes du Nouveau-Brunswick, depuis Shédiac jusqu’à la baie des Chaleurs ; en y joignant 140 familles cantonnées dans les îles Saint-Jean et du Cap-Breton, d’où les Anglais avaient aussi déporté presque toute la population française, on a le compte à peu près exact de la fraction du peuple Acadien, qui avaient pu se maintenir près des lieux défrichés et labourés par leurs pères.

  1. Rameau, p. 358.