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d’avec leur ancienne métropole. Les bras de leurs citoyens improvisés soldats allaient, contre tout l’effort des armées levées par l’argent anglais, maintenir cette indépendance et ce devait être l’honneur de tant de volontaires français, La Fayette en tête, puis l’honneur du gouvernement français, de ses soldats sous Rochambeau, et de ses marins sous Suffren, de concourir à fonder la grande nation qui « en moins de cent ans est devenue l’égale des premières puissances européennes et la rivale commerciale de son ancienne métropole[1]. »

L’Angleterre cependant s’obstinait dans ses illusions et pensait avoir aisément raison de cette révolte de colons soulevés. Une cruelle défaite que Burgoyne essuya l’année suivante (1777) à Saratoga, vint ébranler cette confiance des Anglais en eux-mêmes, en portant un coup sensible à leur renom militaire. Atteint et complètement cerné par ces milices américaines qu’il croyait indignes de se mesurer avec ses troupes régulières, Burgoyne dut passer par de nouvelles Fourches Caudines. Les 5,800 hommes de troupe qu’il commandait mirent bas les armes, le 16 octobre. Plus tard, Burgoyne dans sa défense, essaya de rejeter la faute de ce grave échec sur les Canadiens français qu’il avait dans les rangs de son armée et qui l’auraient insuffisamment secondé. Mais, comme le fait observer Garneau, c’est là une pauvre et insoutenable explication, puisque dans son armée de 8,000 hommes, c’est à peine s’il comptait 148 combattants de leur nation. Ces Canadiens français, transportés à Boston avec la masse des pri-

  1. Notes sur le Canada, par Paul de Cazes, p. 38.