Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/319

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de s’y fondre dans le milieu anglo-saxon) ces fils de notre race, soutenus plus qu’ils ne l’ont été par leur ancienne métropole, auraient pacifiquement conquis et conservé pour leur nationalité toute cette zone territoriale immense qui des côtes de Terre-Neuve s’allonge jusqu’aux montagnes rocheuses et à l’Océan Pacifique, en n’ayant vers le nord d’autres limites que les glaces du pôle.

De toute cette vaste étendue qui, par la force même des choses, leur eût appartenu, les Canadiens français, par leur faute, n’ont pu conserver qu’une partie qui, malgré son étendue très réelle encore, n’apparaît pourtant que comme un petit coin, comparée à la masse des territoires où s’étend aujourd’hui le flot de la race anglo-saxonne renforcée par les immigrations irlandaise, écossaise, allemande et Scandinave.

Mais si les Canadiens français compromirent ainsi, suivant nous, l’intérêt et l’avenir de leur nationalité, il n’est que juste de faire reposer aussi une lourde responsabilité, dans le parti qu’ils adoptèrent, sur le gouvernement français d’alors, qui ne sut pas tirer parti de ses avantages et de l’influence qu’il lui était si facile d’exercer sur la population canadienne pour amener celle-ci à reconnaître ses véritables intérêts et à secouer le joug de la conquête britannique. Sans doute, quelques tentatives furent faites par des envoyés du gouvernement royal pour pousser les Canadiens à s’unir avec les Américains soulevés ; mais ces tentatives ne furent ni bien conduites, ni suffisamment appuyées. Que si d’ailleurs les Canadiens français montrèrent décidément trop de répugnance à s’unir avec les « provinciaux » et à entrer dans le pacte fédéral d’où