Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/373

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« Nous avons vu, écrivait ce journal, la nouvelle potence faite par M. Brondson, et nous croyons qu’elle va être aujourd’hui élevée en face de la nouvelle prison, de sorte que les rebelles qui y sont enfermés, pourront jouir d’une perspective qui ne saurait manquer de leur procurer un sommeil profond et des songes agréables. Six ou sept pourront s’y tenir à l’aise, mais dans un cas pressé, on pourra y en loger un plus grand nombre. »

Il convient d’ajouter que la plupart des condamnés à mort virent leur sentence commuée ; mais douze d’entr’eux gravirent cependant les escaliers de l’échafaud. Voici les noms de ces malheureux : Joseph Cardinal, Duguet, Decoigne, Robert, les deux frères Sanguinet, Hamelin, Andelain, Norbonne, Nicolas, Donais et Chevalier de Lorimier. Plusieurs de ces condamnés étaient honorablement connus et appartenaient à la bonne bourgeoisie. Cardinal était notaire, et Duguet lui était attaché comme clerc. Andelain était le jeune Français dont nous avons fait connaissance et qui s’était engagé comme volontaire pour servir la cause de l’indépendance canadienne. Chevalier de Lorimier a écrit, avant de marcher au supplice, quelques pages touchantes, qui portent la marque d’un noble esprit et d’un grand cœur.


Et maintenant, s’il nous fallait juger cette insurrection, nous dirions qu’elle fut sans doute imprudemment soulevée et inconsidérément conduite ; mais, si les insurgés eurent de graves torts, le gouvernement, lui, sembla prendre à tâche de justifier, par la violence et la barbarie de ses moyens de répression, cette ac-