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son rôle trop borné par celui des ministres, il voulut faire acte de gouvernement personnel et, de son chef, nomma à divers emplois publics des personnages plus ou moins hostiles aux vues du Cabinet. Les ministres, qui n’avaient pas été consultés, protestèrent au nom des règles ordinaires du gouvernement constitutionnel ; mais en vain. Metcalfe prétendit qu’il dégraderait le caractère de sa charge et sacrifierait la prérogative royale s’il consentait à soumettre aux ministres le choix des fonctionnaires publics. Voyant qu’ils ne pouvaient vaincre l’entêtement du gouverneur, les membres du Cabinet Lafontaine-Baldwin prirent le parti de donner leur démission. Lord Metcalfe constitua un conseil provisoire de trois membres, où un Canadien-Français, M. Denis Viger eut le tort d’accepter de figurer. Ce conseil ne pouvait d’ailleurs prétendre à rallier les sympathies et la confiance de la Chambre. Après divers atermoiements, il fallut dissoudre celle-ci et convier le pays à des élections générales.

La cause représentée par les ministres démissionnaires triompha à une grande majorité dans le Bas-Canada. M. Viger fut battu dans deux collèges électoraux, tandis que M. Lafontaine et ses amis réunissaient la presque unanimité des votants. Malheureusement, le Haut-Canada ne seconda pas ce mouvement de protestation. Les intrigues du ministère se donnèrent là libre carrière et trouvèrent des électeurs trop crédules ou trop inconstants[1]. Les réformistes ne purent faire

  1. « On doit remarquer, dit un auteur, que les Haut-Canadiens ont, de tout temps, montré de l’inconsistance en politique : à chaque élection, les partis conquéraient tour à tour la majorité. Il suffisait