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Virginie, à Jamestown, le premier établissement anglais durable. Le grand exode des Puritains anglais sur les côtes du Massachussets commencera en 1620. La Hollande allait bientôt après (1623) établir la colonie rapidement florissante de Manhattan, aujourd’hui New-York. Il n’y avait pas de temps à perdre pour la France si elle voulait se ménager une part des « terres-neuves » et s’assurer les titres et les droits du premier occupant.

Un seigneur breton, Troïlus du Mesgouez, marquis de la Roche, s’était fait accorder, sous le règne de Henri III, une commission de « gouverneur, lieutenant-général et vice-roi des Terres-Neuves et pays occupés par gens barbares qu’il prendra et conquestera ». Henri IV continua cette commission, en 1598. Mais l’entreprise du marquis ne fut pas heureuse. N’ayant aucune connaissance des lieux et forcé de s’en rapporter à son pilote, un normand nommé Chédhotel, il déposa ses colons dans l’île de Sable, près du cap breton, et les laissa là, dans un lieu impropre à toute culture, sans bois ni pierre pour bâtir. Ces pauvres gens demeurèrent sept années sur cette plage inhospitalière, obligés de se creuser des retraites dans la terre et de se vêtir de peaux de loups marins, n’ayant d’autres ressources, pour vivre, que celles de la pêche et de quelques bœufs qui, par fortune, avaient été jetés là à la suite d’un naufrage. Au bout de ces sept ans, le pilote qui les avait mis dans cette fâcheuse position fut condamné par la cour de Rouen à les aller rechercher. Revenus en France, on les présenta, dans leur accoutrement sauvage, au roi Henri IV, qui commanda à Sully de leur donner « quelques commodités, comme