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il fit jusques à la somme de cinquante écus, pour les encourager de s’en retourner[1] ».

Une expédition plus sérieuse s’organisa, en 1599, sous les ordres d’un capitaine de navire, le sieur Chauvin ou de Chauvin. Ce Chauvin était huguenot et se recommandait au roi par les services qu’il lui avait rendus pendant les dernières guerres. Il obtint les pouvoirs qui avaient été confiés précédemment au marquis de la Roche ; mais, avant, de partir, il se fit commanditer, comme on dirait aujourd’hui, par un riche négociant de Saint-Malo, nommé Du Pont-Gravé, qui avait conçu le vaste projet de monopoliser entre ses mains la traite des fourrures dans l’Amérique du Nord. Les deux associés frêtèrent quelques vaisseaux et se rendirent jusqu’à Tadoussac, au confluent du Saint-Laurent et du Saguenay, où s’opéra le débarquement. Ce lieu, excellent pour le trafic des pelleteries, était d’ailleurs assez mal choisi à cause de l’aridité du sol et de la froidure excessive du climat, « tel, dit Champlain, que s’il y a une once de froid à 40 lieues à mont la rivière, il y en a là une livre ». Chauvin repartit avant l’hiver de 1599-1600, hiver qui fut extrêmement dur et fit bien connaître à ceux qui restèrent « le changement qu’il y avait entre la France et Tadoussac ».

Chauvin retourna, dès que la mer le lui permit,

  1. Voyages de Champlain. L’époque du départ et du retour de cette expédition du marquis de la Roche n’est pas bien fixée, et quoique la plupart des historiens la placent en 1598, il y a de solides raisons de penser qu’elle eut lieu sous Henri III ; seul, le rapatriement des colons, laissés dans l’île de Sable, eut lieu sûrement sous Henri IV.